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« Le Ndop propage les ondes négatives sur les personnes qui le portent sans droit »

Zacharie Nde, notable à la Chefferie supérieure Bamougoum dans le Département de la Mifi à l’Ouest, réfute catégoriquement les arguments avancés pour justifier la démystification du Ndop.

Le Ndop est connu de tous comme un tissu propre aux Chefferies Traditionnelles. Quelle est dès lors sa véritable place dans la Tradition ?

Dans presque toutes les Chefferies Grassfields, le Ndop a un statut privilégié. Comme tout autre objet cher à la Chefferie, le Ndop est chéri et protégé. C’est depuis la création des Royaumes Grassfields, que le Ndop a pris corps comme tissu de la royauté. Donc, c’est depuis les premiers Chefs que ce tissu est mythique et réservé à une certaine catégorie de personnes venant des Chefferies.

Quelles sont alors les personnes habilitées à se vêtir de ce pagne ?

La valeur du Ndop était inestimable, ce qui faisait donc du Chef ou du Roi la seule personne censée porter cela. C’était et c’est son vêtement pour assister à des cérémonies qui soient en internes ou en externe de son royaume. Mais le temps est passé, les blancs sont venus et ont fait mainmise sur les traditions. Raison pour laquelle, nous observons des Notables, Princes et Reines qui le portent.

A l’époque, il fallait avoir une certaine autorité au sein de la Chefferie, c’est-à-dire avoir plusieurs noms en tant que notable pour porter le Ndop. Ou encore si tu attires l’attention du Roi étant enfant, ainsi il te prend sous son aile et tu es ensuite éduqué pour devenir notable. Il n’y avait pas d’école. Et parmi les épouses du Roi, seule la Reine mère devrait le porter après plusieurs investissements financiers à la Chefferie.

Aujourd’hui le Ndop perd de son importance parce que même des personnes qui ne connaissent pas la route qui mène aux chefferies de leurs villages, se permettent de le porter et de se pavaner dans les rues comme si elles disposaient d’une quelconque autorité.

Au-delà des personnes qui appartiennent à la cour royale, est-ce qu’un simple villageois peut porter le Ndop et marcher à son aise ?

Je l’ai dit, la seule personne qui a le pouvoir de porter le Ndop est le Chef. Mais les circonstances sont telles que tout le monde le porte. Nous admettons que le Ndop qui court les rues n’est pas le véritable. Mais une simple copie. Le simple fait d’imiter les dessins de ce bien ancestral attire la malédiction, même-ci ces derniers semblent s’en foutre.

Voyons que certains notables, princes et reines n’étaient pas censés le porter, combien de fois un citoyen lambda ? C’est attirer la foudre, il faudra que ces copieurs et ces porteurs fassent très attention.

Ne pensez-vous pas que cet usage (exagéré) du Ndop lui donne plutôt de la valeur ?

C’est avec des pincettes que nous pourrons accepter les mots qui disent que le Ndop est encore aussi spécial. C’est vrai s’est le vêtement par excellence des chefs traditionnels et des notables. Mais hélas je ne cacherais pas qu’il a été détourné de son utilité et son statut privilégié de départ. Vous allez voir dans les mariages, ceux qui s’échangent les vœux sont vêtus du Ndop même leurs invités.

Dans les clips de musiques, les artistes se penchent sur le Ndop pour la décoration de l’espace de tournage. Dans les restaurants, les hôtels et même dans les deuils, le Ndop est présent. Le Ndop est un objet sacré qui signifie bonheur mais dans les évènements malheureux, c’est le Ndop qui prend les rênes.

Là, la valeur de ce tissu sacré est remise en question. Et ceux qui portent ce Ndop ne craignent par les conséquences prétextant qu’ils l’on acheté au marché. C’est alors qu’on constate qu’ils sont en train de s’ancrer dans la culture occidentale au péril de la leur.

Cette dérision n’est pas seulement au niveau du Ndop. Par exemple les perles traditionnelles, seule les reines étaient aptes à se coiffer de cela. De nos jours tout cela se vend dans les marchés. Cette situation se résume en deux points, non seulement le Ndop est dévalorisé ; mais aussi propage les ondes négatives sur les personnes qui le portent sans droit, sans qu’elles ne s’en rendent compte.

Quelles mesures pourraient prendre les autorités traditionnelles pour ralentir le rythme de la vulgarisation du Ndop ?

Précisons que si le Ndop devait rentrer dans son contexte initial, les garants de la tradition auraient depuis longtemps pris des mesures drastiques. Malheureusement ils vont vu naitre cette abomination mais sont restés spectateurs de son évolution, pas parce qu’ils n’en sont pas capables, mais du fait que les occidentaux se sont impliqués. Les chefs traditionnels ont perdu leur pouvoir et leur autorité avec l’arrivée de colons.

Néanmoins pour ralentir le rythme de la désacralisation du Ndop, les grands notables des chefferies peuvent sillonner les rues et intimider les personnes qui sont vêtus du Ndop ou bien passer un communiqué destiné à influencer ceux qui le portent. Mais aussi je crains que la chasse à a protection du Ndop soit lancé trop tard.

Mimi Mefo Info

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