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Le journaliste Christophe Bobiokono poursuivi pour diffamation

Isaac Joël Bela Belinga, expert-comptable, a porté plainte contre le directeur de publication du journal « Kalara » pour « diffamation publique et fausse nouvelle ». Il cite cinq éditions du canard dans lesquels des articles auraient été produits pour le diffamer.

Jeudi 14 juillet 2022, 8h. Dans une salle d’audience du Tribunal de première instance de Douala-Bonanjo, presque vide en raison de la forte pluie qui s’abat sur la ville de Douala, Christophe Bobiokono, le directeur de publication du journal Kalara assis derrière la rangée de banc des avocats, attend impatiemment que le juge appelle son dossier.

Une salle d’audience assez bruyante, les avocats lèvent le ton pour exprimer leurs mécontentements dans le traitement des différents dossiers. Une attitude qui pousse à plusieurs reprises le juge à interrompre la séance et à se retirer de la salle en signe de mécontentement. C’est finalement vers 16h que le dossier du journaliste sera appelé. Christophe Bobiokono se présente devant le juge avec son avocat Me Minou Sterling.

Le plaignant, l’expert-comptable Isaac Joël Bêla Belinga, absent, est représenté par son avocat Me René Roger Bebe. Le juge écoute les deux parties. En vain, l’avocat du journaliste a sollicité un renvoi ferme pour débats lors de la prochaine audience, sans succès.

Le juge se penche sur le dossier, garde quelques minutes de silence, l’examine, et annonce que l’audience est renvoyée au 11 Août prochain. Une annonce qui n’arrange pas du tout le journaliste. Car depuis le début du procès en Octobre 2021, c’est le dixième renvoi. A chaque fois le plaignant ne se présente pas au tribunal. Il fait tout pour empêcher que la décision finale soit rendue.

Bela Belinga donne les infractions reprochées au journaliste

Joint au téléphone ce jeudi 14 juillet, l’expert-comptable Isaac Joël Bêla Belinga, directeur de la société BBI Advisory and Audit, dont les cabinets sont basés au Cameroun, au Gabon, au Canada et dans plusieurs pays étrangers, s’est montré serein. Il affirme qu’on prend en compte tout ce qui est écrit dans sa plainte, « car c’est la bonne version des faits ».

Dans la plainte, Isaac Joël Bêla Belinga cite l’édition du journal Kalara numéro 385 du le juin 2021, avec pour grande une « Tes. Le tir groupé des avocats français sur le dénonciateur de Vamoulké ». Isaac Joël Bêla Belinga affirme que par cette déclaration, Christophe Bobiokono le directeur de publication se rend coupable de « fausses nouvelles » conformément à l’article 240 du code pénal. Car il n’apporte aucune preuve à ses déclarations.

L’expert-comptable cite également les éditions des journaux du 8 juin 2021, du 15 juin 2021, du 13 juillet 2021, et du 28 juillet 2021, où selon lui, les articles ont été produits pour le diffamer, à chaque fois des « fausses nouvelles » selon lui. Les divisions portent d’une part sur le marché public que le Crtv a octroyé à l’expert- comptable pour faire en audit.

En effet, en 2016, Isaac Joël Bêla Belinga avait obtenu de la Crtv un le marché public par bon de commande en vue de la réalisation d’un audit comptable et financier de cette entité publique dont la restitution des travaux a eu lieu le 13 septembre 2016 et le rapport final déposé le 4 janvier 2017. L’exploitation de ce rapport avait été à la base des poursuites judiciaires intentées contre Amadou Vamoulké l’ancien directeur général de la Crtv, ainsi que d’autres hauts cadres.

En 2017, la même société BBI Advisory and Audit a gagné un deuxième marché de 69 millions de Fcfa par procédure de gré à gré en vue d’une mission de révision surveillance comptable et conseil financier à la Crtv. Un marché qui sera par la suite annulé par le ministre des marchés publics Talba Malla pour « non-respect des coûts de prestation ».

Deux avocats français lors d’une audience d’Amadou Vamoulké au tribunal criminel spécial vont démontrer qu’il n’était pas « le meilleur expert-comptable auquel la Crtv aurait dû recourir pour l’audit qui lui avait été confié ». Le conseil d’administration de la Crtv va aussi se séparer d’Isaac Joël Bêla Belinga pour « non-respect des règles déontologiques, non-respect des obligations contractuelles et autres ».

Des éléments que le journal Kalara a exploité dans ses articles, et que l’expert-comptable n’a pas apprécié. Les divisions portent aussi sur les diplômes de M. Belinga obtenu dans les grandes universités étrangères. Christophe Bobiokono dans ses articles auraient démontré que certains de ces diplômes sont faux.

Les coups bas du plaignant dénoncés

Christophe Bobiokono ne comprend pas pourquoi il est poursuivi dans un tribunal à Douala et non à Yaoundé. Il affirme qu’il demeure à Yaoundé, ainsi que le journal Kalara dont il est Directeur de publication. Pour être présent au tribunal de première instance de Douala -Bonanjo à 7h ce jeudi 14 juillet, il est parti de Yaoundé la veille à 2h du matin, pour voyager toute la nuit afin d’arriver à Douala à 7h du matin.

Au tribunal, il somnolait sur son siège. L’expert-comptable Isaac Joël Bêla Belinga est domicilié lui aussi à Yaoundé, ainsi que son cabinet. Mais pourquoi n’a t- il pas porté plainte à Yaoundé, où se sont déroulés les faits ? Christophe Bobiokono pense que c’est tout simplement « parce qu’il a ses amis dans les tribunaux de Douala ».

Des violations dans le dossier

L’avocat Me Minou Sterling avait déjà saisi le tribunal de première instance de Douala-Bonanjo pour se prononcer sur l’incompétence de ce tribunal à juger cette affaire.

« L’article 294 du code de procédure pénal édicte qu’est compétent un tribunal pour juger une affaire, soit un tribunal du lieu de la commission de l’infraction, soit du lieu du domicile du prévenu, soit du lieu de l’arrestation du prévenu. Dans l’espèce, le prévenu est domicilié à Yaoundé, et les faits pour lesquels il est poursuivi n’ont pas été commis dans le ressort territorial du tribunal de première instance de Douala-Bonanjo. Cette juridiction est donc incompétente pour statuer en l’espèce. Cette procédure est vouée à la nullité », explique l’avocat Me Minou Sterling. Il cite aussi l’article 3 du code de procédure pénale qui rappelle que « la violation d’une règle de procédure est sanctionnée par la nullité absolue ».

Autre irrégularité relevée dans ce procès par Me Minou Sterling : il cite la violation de l’article 83 alinéa 1 de la loi du 19 décembre 1990 relative à la communication sociale. « Cette loi précise que le tribunal compétent statue en temps ordinaire dans un délai de 15 jours à compter de la date de la première audience. Or, la première audience s’est déroulée le 14 octobre 2021.

Il a fallu attendre la 10 mars 2022 pour avoir la 2e audience, soit plus de 15 jours se sont écoulés sans que le tribunal ne vide sa saisine. Il s’agit manifestement d’une violation flagrante de ce délai et d’un principe d’ordre public ». Fort de tous ces constats, Me Minou dans sa note adressée au Tpi de Douala-Bonanjo demande au tribunal de « déclarer nulle la procédure pour violation de l’article 83 alinéa 1. Et de condamner le plaignant Isaac Joël Bêla Belinga aux dépens ».

L’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques indique que « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions. Toute personne a droit à la liberté d’expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix ».

Le Messager

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