Garance Kim est réalisatrice, actrice, scénariste. Elle a également été assistante à la mise en scène, costumière, participe à des performances avec des artistes contemporains. Si la ville Eternelle du titre correspond bien à Rome, le film se déroule en Seine-et-Marne, département singulier de la grande couronne parisienne. Elle incarne Lili qui attend en vain le bus qui doit l’emmener à l’aéroport. Croise un garçon à vélo. Thibault l’observe, tourne autour de lui puis se lance. Cela ressemble à un plan de rencontre de merde et pourtant il la connaît vraiment. Ils sont allés au collège ensemble. Il se souvient d’elle, elle l’a complètement oublié. La discussion mal engagée se transforme en un road movie pédestre et poétique au ton aigre-doux d’une anti-comédie romantique. Co-écrit avec Martin Jauvat dont le film Grand Paris Express concourait l’année dernière en compétition, ville Eternelle interroge la mémoire et le temps, se méfie des faux-semblants et sublime une rencontre fortuite. Une belle parenthèse enchantée avant de partir pour l’incertitude.
Quelle est la genèse de ce film ?
J’ai rencontré Martin sur un tournage de court métrage. Nous n’avions aucune scène en commun. Nous avons parlé à la soirée de clôture. L’entente était évidente. Nous sommes devenus amis. Au bout d’un an, je lui ai demandé s’il voulait que nous réalisions un projet ensemble. J’ai aimé ses courts métrages, comédies de l’absurde et de l’ennui avec beaucoup de poésie et de douceur.
Le film se concentre sur un territoire…
Cette partie provient de l’écriture manuscrite de Martin. J’avais très envie de parler d’une rencontre et d’une déambulation en marchant avec deux personnages. Martin a fait tous ses films dans le 77, dont il est originaire. Nous voulions faire le tour de l’aéroport qui se trouve dans la même zone. Même dans la vraie vie, Martin a grandi à Chelles et y est resté. J’ai grandi dans le 93 puis j’ai vécu à Nantes. Ensuite, je suis venu poursuivre mes études à Paris intramuros. J’ai bougé plus que lui mais nous voulions questionner cette notion de territoire mais aussi ce que nous y faisons. Les deux personnages vont certes d’un point A à un point B, mais ils n’empruntent pas les chemins habituellement proposés car ils sont à pied. Ils peuvent passer par d’autres lieux, les lignes du désir, tous ces chemins que les gens empruntent en dehors des routes préméditées, pour aller d’un endroit à un autre. Ces chemins piétonniers qui agissent comme des raccourcis offrent également une nouvelle cartographie du territoire.
Le film joue beaucoup sur le faux-semblant…
Dans la vie de tous les jours, nous jugeons consciemment et inconsciemment tout le temps. Nous projetons des choses sur les gens en fonction de leur expression, comment ils s’habillent, où ils vivent. C’est affreux. Nous voulions…
