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Justice : la pression d’une visite de Paul Biya évoquée pour sauver Jean William Sollo

L’avocat de l’ancien DG de la Camwater soutient qu’on veut punir son client parce qu’il s’est battu pour la réussite d’un évènement que devait présider Paul Biya. Pour lui, l’accusé a bien servi la nation. Le procès reposerait sur une erreur attribuée à un de ses collaborateurs.

« Si le chef de l’Etat arrive ici demain, vous prendrez en urgence toutes les commodités pour la réussite de cet événement. C’est ce que mon client a fait. Mais on vous demande aujourd’hui de le condamner.» C’est Me Essomba Tsoungui, avocat au Barreau du Cameroun, qui fait cette déclaration devant le Tribunal criminel spécial (TCS). Il présentait, le 4 juin dernier, sa plaidoirie en faveur de Jean William Sollo, l’exdirecteur général (DG) de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater), en jugement dans cette procédure judiciaire pour une prétendue complicité de détournement de la somme de 156 millions de francs relative au paiement de quatre marchés que l’accusation qualifie de fictifs.

Sa prise de parole clôturait la phase des plaidoiries des avocats de la défense ouverte par Me Richard Assamba, en faveur de Eugène Abossolo le 30 avril dernier. Selon Me Essomba Tsoungui, M. Sollo est victime d’un «pseudo procès de la régularité des marchés publics».

Il a qualifié le réquisitoire du parquet général qui souhaite la condamnation de son client «d’une vacuité qui se trouve aux antipodes de la réalité». Avant de reconstituer les circonstances dans lesquelles son client avait été amené à signer les marchés décriés relatifs à fourniture du matériel hydraulique à la Camwater. Des marchés attribués aux établissements (Ets) LMS Cameroun et LMS Sari d’un montant total de 114 millions de francs en septembre 2013. Eugène Abossolo, le représentant des deux LMS, avait bénéficié d’une avance de démarrage d’environ 41 millions de francs.

Barrage de Mekin

L’avocat raconte que M. Sollo, fraîchement nommé DG de la Camwater, avait reçu en avril 2012, des instructions de fournir de l’eau potable aux populations de la localité de Memve’ele, située dans la région du Sud, qui allaient prendre part à la cérémonie de la pose de la première pierre du barrage hydroélectrique éponyme. Une cérémonie que le chef de l’Etat avait présidée en personne. Sauf que le jour dit, les camions citernes déployés par la Camwater pour assurer le service sollicité n’avaient pas pu atteindre le site des cérémonies du fait du mauvais état de la route. La hiérarchie de M. Sollo l’avait sévèrement blâmé suite à ce fiasco.

En septembre 2012, M. Sollo était en outre informé que le chef de l’Etat allait également procéder à la pose de la première pierre du barrage hydroélectrique de Mekin en début d’année 2013. La Camwater devait de ce fait fournir de l’eau potable aux populations attendues à la cérémonie. Le DG de la Camwater devait «urgemment» trouver une entreprise capable de livrer dans un court délai une «unité mobile de potabilisation de l’eau» et des réservoirs de stockage d’eau.

Selon Me Essomba Tsoungui, M. Sollo avait dépêché une équipe auprès de l’entreprise française LMS S.A, leader mondial dans la fabrication et la commercialisation du matériel hydraulique. Pour confirmer les commandes, son client avait signé des «prélettres» commandes, qu’il avait par la suite régularisées auprès de la Commission de passation des marchés de la Camwater.

Le matériel commandé avait été livré et réceptionné par une commission de la Camwater. Seulement, l’avance de démarrage d’un montant de près de 41 millions de francs versée au prestataire de service n’avait pas été retenue lors du règlement définitif des factures. Mais lorsque l’affaire est déclenchée en 2016 M. Abossolo avait finalement rétrocédé au Trésor public la somme en cause.

Faute d’autrui

L’accusation estime que les commandes sont fictives parce que faites de gré à gré, couronnées par la non retenue des avances de démarrage. D’où le montant de 156 millions de francs au centre du procès. «Est-on bon dirigeant lorsqu’on refuse de payer les marchés régulièrement réceptionnés par le service compétent ? Mon client a fait preuve de patriotisme. H a servi la nation. Tous les paiements faits en faveur de M. Abossolo sont légitimes. Il n’a fait que son travail de DG», estime Me Essomba Tsoungui.

Pendant une trentaine minutes, Me Essomba Tsoungui a listé les multiples pièces à conviction versées aux débats pour démontrer la «régularité» et la «livraison et réception» des commandes litigieuses, «C’est peut-être fastidieux de lire toutes ces pièces qui se trouvent bien dans votre dossier, a-t-il reconnu, il vaut mieux. Ce qui arrive à M. Sollo peut arriver à tout le monde dans ce pays.»

Bien avant, c’est l’avocate de Dieudonné Maah, l’ex-directeur des affaires financières (DAF) qui avait plaidé en faveur de son client. Comme son confrère, elle s’est longuement évertuée à démontrer que l’existence et la réception des marchés litigieux «ne font l’ombre d’aucun doute».

Pour elle, c’est François Onguene, l’unique témoin de l’accusation et chef service comptable au moment des faits, qui a omis de comptabiliser les avances de démarrage dans la liasse de paiement, alors qu’il disposait pourtant d’un fichier des prestataires de service de la Camwater. Le cachet « vu bon à payer » qu’il a apposé sur la liasse de paiement avait suffi à matérialiser l’authenticité et la sincérité du paiement.

«Cette omission commisse par un maillon avait induit toute la chaîne en erreur. C’est M. Onguene qu’il faut corriger parce ce qu’il a mal fait son travail. Condamner mon client à sa place serait une erreur judiciaire.» Le verdict est attendu en principe ce 15 juin.

Notons que jean William Sollo croupit derrière les barreaux depuis un peu plus de deux ans. Outre la présente affaire, iles également visé devant le TCS par quatre autres procédures judiciaires.

Source: Kalara

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