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Journée internationale de la femme : le prix du pagne augmente de 32% sur un an

« C’est depuis 20 ans qu’on vend le pagne à 6 800 Fcfa. Cette année, on a décidé de le mettre à 10.000 Fcfa, compte tenu de la hausse des prix de la matière première. Le prix du coton est passé de 900 à près de 2000 Fcfa le kilogramme. Les colorants ont également augmenté et leur transport se fait à présent par avion, et non en bateau. Ce qui nous revient extrêmement cher ».

Les explications que donne le délégué régional Centre-Sud-Est de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), Guy Alain Mouyema, dans les colonnes de Cameroon Tribune, sont sans ambiguïté. Ce tissu a ainsi connu, sur un an, une hausse du prix de l’ordre de 3200 Fcfa en valeur absolue, soit 32% en valeur relative. La pilule sera une fois de plus amère pour les femmes, après une édition 2022 de la journée internationale de la femme marquée par la rareté du pagne.

Cette situation avait favorisé une spéculation sauvage sur le prix du tissu, particulièrement chez les détaillants. En effet, les banques commerciales avaient refusé de préfinancer la fabrication du pagne de la journée internationale de la femme par la Cicam, qu’elles considèrent comme une entreprise à risque.

Le directeur général de cette société, Edouard Ebah Abada, avait expliqué que pour produire 1,5 million de mètres linéaires de tissu (loin des 5 millions de mètres qui représentent le marché annuel pour ce seul événement), ses équipes et lui ont dû mettre en place une ingénierie commerciale qui a consisté à prendre d’avance de l’argent chez les grossistes pour le préfinancement de la campagne en contrepartie de remises alléchantes.

Si le niveau de production d’avant 2022 a été retrouvé, la prochaine fête de la femme permettra à l’entreprise qui est plongée depuis plusieurs années dans une crise sans fin, de se refaire une santé financière. La demande étant évaluée à 5 millions d’unités, le marché pour une seule édition de cet événement représente jusqu’à 50 milliards Fcfa.

Pour mémoire, la Cicam qui est une entreprise publique est depuis plusieurs années en état de mort cérébrale, diagnostic du reste confirmé par la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (Ctr). Dans son rapport 2020 publié début 2022, cet organisme la déclare en faillite. L’unique cotonnière industrielle du pays est confrontée à des problèmes structurels tels que la vétusté de son outil de production « et la carence pathologique de son fonds de roulement », selon sa direction générale.

Le gouvernement a maintes fois annoncé qu’il mettrait l’entreprise en procédure de restructuration, notamment en rénovant son outil de production, en réglant en partie sa dette qui, d’après le Dg, s’élevait en 2022 à 25 milliards Fcfa et en la dotant d’un fonds de roulement. Cette restructuration qui doit être menée dans le cadre de la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (Snd-30) qui en est théoriquement à sa troisième année de mise en œuvre, tarde à être enclenchée.

Dans la filière coton-textile-cuir, au plan global, la Snd-30 prévoit en plus d’une augmentation de la production cotonnière nationale au seuil de 600.000 tonnes/an à l’horizon 2025 (contre plus ou moins 160.000 jusque-là), d’intégrer la transformation industrielle de la fibre locale pour atteindre un taux minimum de 50% à l’horizon de 2030.

Le gouvernement ambitionne par ailleurs, d’ici là, de développer une industrie de fabrication et de confection des tenues, notamment de sport (maillot, survêtement, basket, etc.), capable de satisfaire au moins 50% de la demande nationale. Dans la même perspective, la Snd-30 entend faire en sorte que la filière fournisse à moyen terme les grands corps de l’Etat (militaires, policiers et civils), en tenues et équipements vestimentaires incorporant au moins 60% du coton camerounais.

Eco Matin

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