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Dr. Zachée Pouga Tinhaga : « c’est le rêve de tout avocat aux USA d’être reconnu comme l’un des 40 meilleurs dans un pays qui en compte presque 2 millions »

Vous êtes aujourd’hui classé dans la catégorie de ceux qu’on nomme généralement des «Succès stories ». Parlez- nous de votre parcours américain, vos études, comment vous vous retrouvez aux USA.

Je commence mes études universitaires en faculté de droit de l’université de Douala ou je suis Vice-Major en License et obtiens mon Master en Droit des Affaires. Juste après, en début 2009, parlant u-n anglais très approximatif, je prends mon envol pour les USA pour continuer mes études. D’abord l’école de droit de Wayne State Université à Detroit ou j’obtiens mon Master en droit international des entreprises et de la finance. Ensuite je m’inscris aux cours du barreau que je passe à mon premier essai dans l’Etat de New York.

Je prête donc serment au barreau de New York en Janvier 2012. Apres quelques temps et ayant développé un intérêt pour le droit fiscal international, je tente l’impossible en demandant une inscription dans la meilleure université d’Etat dans toute l’Amérique: l’Université du Michigan pour obtenir un Master en Droit Fiscal International.

J’y suis admis et j’y obtiens mon Master en droit fiscal international avec mention parfaite (GPA 4.0, pour ceux qui comprennent le system américain). Je commence en effet à développer une théorie innovatrice dans le domaine du droit fiscal international et de la politique fiscale ce qui conduit l’université à me proposer une bourse complète pour que je développe une théorie juridique nouvelle en une thèse de doctorat. Je développe donc une thèse dans la prestigieuse école de droit de l’université du Michigan (devenant la 4e personne seulement de l’Afrique Sub-Saharienne à défendre une thèse dans cette prestigieuse institution de 225 ans).

Je débute ma carrière d’avocat chez Ernst and Young à la maison mère à Manhattan, New York. Apres trois ans à EY, je trouve une meilleure opportunité et je joins le cabinet Gide international, toujours à Manhattan, New York et j’y suis toujours basé et affilié à ce jour. Cependant, je parcours le monde sans cesse accompagnant mes clients dans leur investissements d’affaires diverses. En plus, je suis enseignant de droit dans les écoles de droit et d’avocat aux USA. Je suis aussi expert consultant dans plusieurs institutions internationales avec des interventions à la Banque mondiale, le FMI, l’OCDE ou l’Union Africaine.

Vous venez d’être classé parmi les 40 meilleurs avocats de moins de 40 ans aux USA. Qu’est-ce que cette reconnaissance représente pour vous ?

C’est le rêve de tout avocat aux USA d’être reconnu comme l’un des meilleurs 40 dans un pays qui en compte presque 2 millions. Deux organisations indépendantes font ce classement et seuls les plus performants ont la chance d’appartenir à une des listes. L’appartenance aux deux listes est raticide. J’ai eu le privilège d’être honoré par les deux prestigieuses organisations et cela est bien sûr un accomplissement historique majeur.

Mes collègues avocats américains trouvent en moi un extra-terrestre pour cette réalisation et là je réalise que je suis le premier Camerounais à être ainsi honoré et l’un des rares Africains seulement à ce jour, alors même que l’organisation du barreau américain a plus d’une centaine d’années.

Qu’est-ce qu’elle va apporter à la suite de votre carrière ?

Premièrement, sur le territoire américain et presque dans la majeur partie du monde, je n’aurais plus à présenter mon curriculum vitae, je n’aurais plus à décrire ce que je fais et le calibre d’avocat que je suis… Aux USA et dans la majeure partie du monde désormais, j’aurais juste à dire que le barreau américain m’a reconnu comme l’un des 40 meilleurs…

Le Barreau fait des recherches énormes sur la qualité de l’éducation, la qualité de l’expertise, la qualité de dossiers menée à succès, la profondeur de l’impact qu’on a déjà eu sur le droit et la profession d’avocat, l’impact qu’on a sur sa communauté et la communauté internationale… Tous ces éléments sont étudiés et pesés… encore une fois, on choisit juste 40 Avocats dans un pays qui en a presque 2 millions… Donc si le barreau américain, le plus prestigieux au monde vous donne cette distinction, alors tout le monde s’y plie!

Suivant votre biographie, vous êtes spécialisé dans les aspects fiscaux américains des transactions transfrontalières. Qu’est-ce qui vous a poussé vers ce domaine ?

Je suis un avocat d’affaires, je fais du Droit des entreprises et de la finance au niveau international. 95% de mes clients sont des entreprises multinationales ou des entreprises à vocation à avoir des activités transfrontalières. Je représente majoritairement des personnes morales et les aide à structurer leurs activités en me rassurant que tout est fait selon la loi spécifique des divers pays dans lesquels je suis inscrit au barreau, mais aussi les assister dans tout autre pays au monde car en qualité d’avocat international, j’ai des correspondants et collaborations dans chaque coin du globe.

En réalisant que le Droit fiscal est au cœur de toute activité économique et projet d’affaire, je me spécialise aussi en droit de la fiscalité internationale. Je m’occupe de la planification fiscale de mes entreprises clients partout où elles opèrent au monde. En fait, le secteur du Droit fiscal international, le domaine des conventions fiscales internationales, le secteur de l’optimisation fiscale et de la planification fiscale est l’une des spécialisations du droit le plus excitant à l’heure actuelle et malheureusement un domaine d’expertise pas développé encore chez nous au Cameroun.

Le domaine m’a paru tellement intéressant que j’ai arrêté ma carrière professionnelle pendant un bout de temps pour aller y développer une expertise pointue dans la meilleure université publique dans toute l’Amérique, et dans l’une des meilleures écoles de droit au monde: l’Université du Michigan. Je suis donc un avocat d’affaires avec une spécialisation très pointue dans le domaine du droit fiscal international.

Arriver où vous êtes aujourd’hui nécessite certainement une conduite à tenir. C’est quoi le secret de votre succès ?

Mon secret, si j’en ai un, c’est mon état d’esprit! Depuis mon enfance, j’ai une mentalité qui consiste à dire que l’expérience des autres n’est pas obligée d’être la mienne… Si les autres ont échoué quelque part, ce n’est nullement une indication pour moi que je vais probablement échouer, mais plutôt un défi et une conviction que la raison pour laquelle les autres auraient échoué est pour que je réussisse et marque l’histoire.

Je suis toujours en train de me rappeler que tout ce qu’on raconte n’est pas vrai, que nous sommes capables de beaucoup de choses, de beaucoup de réalisations. On n’a pas besoin de se compromettre ou de compromettre les siens, on n’a pas besoin de renoncer à son code moral et’à sa conception du bien et du mal, surtout on ne devrait pas être à la recherche perpétuelle de raccourcis pour la réussite… La réussite, la vraie, la durable, est celle qui apporte un accomplissement et le bonheur personnel est celui-là qui se mérite et pour mériter la vraie réussite, il faut travailler dur, mais alors très dur.

J’arrive aux USA en 2009 en parlant un anglais approximatif, toutes les personnes que je rencontre aux USA à l’époque me conseillent très sincèrement de renoncer au droit, que c’est très compliqué et l’avocature requiert de très longues et difficiles études… On m’a montré un grand nombre de brillants juristes partis du Cameroun et d’autres pays africains qui s’y sont essayés et ont fini par abandonner, prenant très souvent le chemin plus ou moins rapide pour devenir aide-soignant ou infirmier (je n’ai rien contre ces métiers en passant).

Les professions qui requièrent les plus longues études aux USA sont les médecins spécialisés (ils ont au moins Bacc +7) et les Avocats (qui ont au moins Bacc +7)… Il a fallu de l’abnégation, de la détermination et de la conviction et nous y sommes… Apres mes études quand je décide de faire le barreau de l’Etat de New York, en plus du barreau fédéral, encore une fois, j’ai eu pas mal de personnes posant des doutes… L’Etat de New York a l’un des examens de barreau les plus compliqués… Nous y sommes aujourd’hui…

Morale de l’histoire, on est capable de beaucoup de choses quand on se met au travail à fond et sans se douter de soi encore moins chercher à sauter des étapes, il faut toujours s’adapter sans jamais se compromettre!

Avocat exerçant aux Etats-Unis depuis plusieurs années, pouvez-vous nous faire l’état des lieux de vos relations avec le Barreau du Cameroun ?

Je suis inscrit au grand tableau de l’ordre des avocats au Cameroun et en relation régulière avec certains confrères au Cameroun. Je dois avouer que la majorité de mes activités professionnelles se déroulent hors du pays. Je pense que la profession d’avocat a encore beaucoup à apprendre au Cameroun. Nous avons encore tellement de domaines où nous devons faire des efforts pour nous améliorer. Mon observation est que certains de mes confrères ne comprennent pas l’importance du rôle qui nous est confié.

Nous avons le devoir de redorer du prestige à la profession d’avocat au Cameroun et nous devons le faire urgemment. La profession d’avocat est la profession la plus prestigieuse aux USA… On n’y arrive généralement pas par hasard (encore une fois il faut au moins Bac +7 pour pouvoir faire le concours du barreau en Amérique) et quand on y est, on comprend généralement la lourdeur de la responsabilité qui nous est confiée celle de nous surpasser chaque fois pour que la loi soit appliquée et justice soit rendue en chaque et toute circonstance.

Les avocats aux USA se prennent au sérieux et la population les honore et comprend instinctivement leur place dans la société. Nous avons besoin d’un système similaire au Cameroun où mes confrères comprennent la lourde responsabilité sur nos épaules, se prennent au sérieux et en ce moment la population comprendra notre rôle dans la société et nous respectera et peut être un jour nous honorera.

Si le bâtonnier et le barreau au Cameroun mettaient par exemple sur pied, un système de reconnaissance des 10 meilleurs avocats chaque année sur l’étendue du territoire et se rassuraient qu’ une telle détermination était sur la base des critères objectifs et que la sélection était exempt de toute corruption et machinations… Cela pourrait donner un modèle que la jeune génération pourra essayer de suivre… Des idées j’en ai beaucoup et dans plusieurs domaines d’ailleurs sur ceux qu’on a vu réussir ailleurs (dans le cadre du barreau, je rentrerai d’ailleurs en contact avec le bâtonnier) *

Un conseil à la jeunesse camerounaise et africaine ?

Mon conseil à la jeunesse est de ne laisser personne vous voler votre capacité à rêver… Je suis la preuve, s’il en faut, que rien n’est impossible. Ne vous découragez jamais; rêvez et rêvez grand! Apres le rêve, croyez-y à fond et mettez-vous au travail. Quel que soit votre domaine si vous rêvez grand vous y croyez à fond et travailler sans relâche vous y arriverez! Notre jeunesse est Cameroun et en Afrique en général semble tellement préoccupée par le pain quotidien (souvent a raison vu la misère ambiante) qu’elle ne se permet plus de rêver et de rêver de grandes choses.

Ne pas rêver c’est ne pas vivre! Mon conseil, il faut rêver et il faut rêver grand! Toutes les grandes choses que nombreux ont essayé et souvent échoué vous attendent pour que vous marquiez l’histoire! Ne cherchez point des raccourcis car ils vous forceront à vous compromettre; mettez-vous au travail et au travail dur et surtout ne vous compromettez point!

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