La forte pluie du 21 août 2020 dans la cité économique a entrainé d’importantes crues et mobilisé autorités et population.
Au total, 142,7 mm.de précipitations ont été enregistrées pour la seule journée du vendredi 21 août 2020 dans la ville de Douala. Soit près de 17% des 845 mm consignés au mois d’août 2019, à titre de comparaison. Une quantité de pluie élevée donc, qui a eu pour conséquence immédiate des inondations dans de nombreux quartiers de la cité économique. Si c’est aux alentours de 4h du matin ce vendredi que le ciel a véritablement ouvert ses écluses, déversant des trombes d’eau sur la ville, des habitants comme Arielle, une riveraine du quartier Logpom, ont indiqué que les premières gouttes avaient touché le sol bien avant : « J’ai dormi très tard. C’est après minuit que la pluie a commencé. Mais elle n’était pas forte et elle est allée en s’intensifiant. »
Et le déluge a transformé Douala en Venise, la fibre romantique en moins. En réalité, on était plus proche de la tragédie. Une tragédie où, même si aucune perte en vie humaine n’a été signalée, des habitants ont vu tous leurs effets être détruits, quand ce n’était pas des pans de maisons qui cédaient sous le poids de l’eau. Aucun des cinq arrondissements III et V notamment. A Malangue (Douala V), Georges, un riverain, a été témoin des ravages de la pluie : « Quand vous vous placiez en hauteur au niveau de la vallée Hôpital général et que vous regardiez en contrebas, vous ne voyiez que les tôles des maisons. L’eau a coupé la route et sa violence a arraché des morceaux de bitume. Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Des axes principaux à Douala 1er ont été noyés et des entreprises et autres boutiques ont vu un torrent déferler dans leurs locaux comme au boulevard de la Liberté, au boulevard de la République ou encore au « Beach ».
Cette fureur des eaux est expliquée par Roger Mbassa Ndinè, maire de la ville de Douala : « La ville a fait face à deux phénomènes qui malheureusement sont arrivés concomitamment. Le premier c’est que dès 3h3O-4h du matin, il y a eu de fortes précipitations. Nous avons, dans les semaines qui précèdent, curé les drains et les caniveaux. Mais il se passe que ces derniers ont été remplis ce vendredi à cause du deuxième phénomène, le niveau de la mer a augmenté. Il était de 2,70 m aux environs de 7h du matin. Donc l’eau qui vient de la mer est rentrée dans les terres. »
Cette invasion aquatique a fait des ravages, des sinistrés et mobilisé les différentes acteurs de la société. Le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a convoqué une réunion de crise vendredi et mis sur pied un groupe de travail pour la gestion de ladite crise. Un comité dont la prochaine rencontre est prévue pour jeudi 27 août. Les autorités ont multiplié des descentes sur le terrain; des organismes ont organisé des expéditions de secours. C’est le cas des volontaires de la Croix-rouge dans certains coins de Douala IV où l’eau est montée jusqu’à 70 cm.
Et la situation de vendredi ne devrait pas être un cas isolé pour la ville, si l’on se fie à l’alerte de l’Observatoire national des Changements climatiques (Onacc), qui annonce depuis juin de fortes précipitâtions pour encore plusieurs semaines. Une alerte qui avait conduit le ministre de la Décentralisation et du Développement local, Georges Elanga Obam, à instruire notamment le curage des drains et des caniveaux aux municipalités, afin de libérer les passages d’eau.
Les pouvoirs publics continuent de suivre la situation de près. Au moment où nous mettions sous presse hier 23 août, le ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtès, était annoncée dans la ville. Ce lundi, Douala attend le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji qui, sur sa route, s’arrêtera d’abord à Edéa, ville également déjà victime d’inondations jeudi dernier».
