Disparition. Roland Castro, militant de l’utopie concrète

Roland Castro, architecte d’exception et militant politique passionné, est décédé ce jeudi 9 mars à Paris. Né de parents juifs le 16 octobre 1940 à Limoges, dans cette terre de Résistance du maquis limousin qui a su le mettre sous protection durant ses toutes premières années, il gardera l’idée qu’il doit accomplir « une dette d’existence envers la France ».

Bâtisseur de nation en partageant ses élans révolutionnaires

Il deviendra un bâtisseur de la nation en partageant ses élans révolutionnaires à travers deux passions : l’architecture et la politique.

Entré aux Beaux-Arts de Paris en 1958, l’étudiant architecte s’engage rapidement à gauche, d’abord au sein du Parti socialiste unifié (PSU), sensible à la lutte pour la paix et contre le colonialisme en Algérie, avant de rejoindre l’Union des étudiants communistes en le sillage du PCF. Il rejoint ensuite les groupes maoïstes, au sein desquels il milite en Mai 68 et dans les années 1970. Durant cette période, il rencontre Lacan et entame une psychanalyse qui dure sept ans.

L’homme a déjà une forte personnalité qui dépasse le cadre de l’ordre existant : c’est un utopiste en paroles et en actes. Grâce à son travail, il trace sa route. Il fait de sa vision du logement un combat politique, social et sociétal.

Le lien entre urbanisme et relations sociales

L’architecte-militant ne cessera alors de souligner le lien entre urbanisme et rapports sociaux, soucieux de « convaincre ses concitoyens et ceux qui les représentent que la banlieue n’est pas un fourre-tout pour les exclus ». Il veut ainsi « remodeler » les villes concrètes des grandes villes. On lui doit, entre autres, la rénovation de la Cité de la Caravelle à Villeneuve-la-Garenne, la Cité de la Bande Dessinée à Angoulême, la métamorphose du Quai de Rohan à Lorient, la tour Emblématik sur la Place du Front -Populaire, à Aubervilliers, et la bourse du travail de la ville de Saint-Denis.

En 1983, il co-fonde Banlieues 89 avec son ami l’urbaniste Michel Cantal-Dupart. François Mitterrand lui confie une mission interministérielle. Plus de 200 projets sont soumis à Banlieues 89. L’ancien maoïste devenu mitterrandien accompagne frénétiquement les villes aux grands ensembles populaires, et notamment celles de la « ceinture rouge » parisienne et les agglomérations populaires aux quatre coins du territoire.

Un homme qui « a affirmé le droit à la ville pour tous »

Dans les années 1990-2000, lors de la « mutation » initiée par Robert Hue, il rejoint le PCF, siège à son conseil national et est même candidat sur la liste « Bouge l’Europe ! aux élections européennes de 1999. Membre fondateur des Amis de l’Humanité en 1996, il participe à de nombreuses rencontres et initiatives de soutien à notre journal, toujours prêt à débattre pour refaire le monde, notamment au stand des Amis, à la Fête de l’humanité.

L’activiste politique évolue de…