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Déguerpissement de Dikolo : mille questions sans réponse

La réunion d’échange entre le gouverneur de la région du Littoral, les chefs Sawa les représentants des familles des déguerpis et les élites Sawa a permis de prendre des mesures visant à apaiser la colère des déguerpis du village Dikolo à Bali. Mais beaucoup de questions sans réponses qui rendent ce dossier davantage complexe.

Le visage serré, le regard plein de fureur qu’affichaient les populations de Dikolo. les élites Sawa et leurs chefs traditionnels en entrant dans la salle des banquets de la région du Littoral a presque disparu. Au sortir de cette rencontre avec le gouverneur de la région du Littoral et les autres responsables de l’administration dans le département du Wouri, ces derniers avaient un visage détendu. Un signe qui traduit effectivement que les discussions avec le patron de la région sont sur la voie de l’apaisement de la tension ambiante dans la ville de Douala depuis le 14 mai 2022 dernier, date du déguerpissement des populations du village Dikolo à Bali.

En effet au regard de la tournure que prend ce dossier de déguerpissement, et des risques de trouble à l’ordre publique que cela pourrait engendrer, le gouverneur de la région du Littoral Dieudonné Ivaha Diboua a convié les différentes partie prenantes de ce dossier à un échange dans ces services ce samedi 28 mai 2022 dernier. Une chose qui n’arrive pas souvent. Pendant plus de deux heures et demie d’échange, des mesures ont été prises.

Notamment l’arrêt des travaux sur chantier. Il faut noter qu’au lendemain des démolitions des maisons sur ce site les travaux ont commencé quelques jours après. On a commencé par ramasser tous les débris qui se trouvaient sur le site. Après cette phase, les engins ont commencé le terrassement de cet espace. Bref les travaux allaient à une grande vitesse. Une chose qui a choqué les populations de Dikolo déguerpis. Car en plus d’être déguerpis sans avoir été avertis pour les uns et indemnisés les autres.

Ces derniers ont multiplié des mouvements de revendications et même une marche pacifique pour dénoncer l’injustice criarde et à ciel ouvert dont elles sont victimes. Cette première mesure a donc pour mission de calmer les colères. «Une partie de la population qui n’a pas été recensé s’est trouvée choqué parce qu’on a effectué des destructions alors qu’ils n’avaient , rien touché. Donc j’ai tenu à ce que l’on puisse d’abord calmer les esprits »

Comme seconde mesure prise durant cette rencontre également, le gouverneur au nom du gouvernement de la république a décidé de la reprise du recensement sur le site déguerpis, d’identifier ceux qui ne l’ont pas été. Il sera certainement au courant de ce recensement qui se fera dans un mois à partir du 30 mai 2022 afin de réexaminer les indemnisations des populations de cette partie de la ville de Douala désormais sans abris pour la plupart.

Une commission ad hoc pilotée par le secrétaire général des services du gouverneur et donc sont membres les membres du parlement de la ville de Douala, les sénateurs, les hommes politiques, quelques représentants des familles déguerpis sur le site du village Dikolo.

– Zone d’ombre –

L’échange entre le gouverneur de la région du Littoral, les élites du canton Bell, les parlementaires va certainement apporter un peu d’accalmie dans la ville de Douala. Une ville qui bouillonne depuis le déguerpissement des populations de Dikolo le 14 mai 2021.

D’ailleurs avant la réunion au service du gouverneur, le bureau exécutif du Ngondo, les Élites Sawa et les ressortissants du village Dikolo ont tenu une réunion à la salle des fêtes d’Akwa pour statuer sur ces démolitions que supportent difficilement les ressortissants du village Dikolo à Bali.

Selon des informations la colère des populations du village est aussi grand parce qu’il y a un flou total qui entoure l’acquisition du site sur lequel ils ont été déguerpis. Évalué au départ à plus de deux hectares au moment où on annonçait la construction de l’hôtel Hilton sur ce site, cette superficie s’est multipliée par deux.

Au moment de la construction de l’hôtel Mariette, il est passé de 2.2 hectares à plus de 4hectares désormais. Une chose que ces dernières ne comprennent pas. Autre soucis, concernant ce dossier c’est le nombre Décrets d’utilité publique (DUP) signé par l’autorité sur cet espace.

Près de quatre Dup ont été signés pour le même site. La première déclaration d’utilité publique sur le site de Besseke date de l’année 2015. L’arrêté pris le 17 avril 2015 concerne une superficie de 4,5 hectares. Cette première décision de l’administration publique est à la faveur de la construction d’un complexe hôtelier. Projet portée par la société Immigration business Canada. Le 14 août 2018, une seconde déclaration a utilité publique concernant une superficie de 2,3 hectares est prononcée sur un espace adjacent. La mesure est justifiée par le souci de «réaliser des travaux structurant dans la zone de Besseke».

Le 14 mars 2019 un autre arrêté d’utilité publique est prononcé sur un espacé estimé à 4,5 hectares. Puis, le 9 janvier 2020 un dernier arrêté déclare d’utilité publique une autre superficie de 2,63 hectares. Les deux dernières expropriations étant justifiées par la construction d’un complexe hôtelier sous la bannière Marriott Bonvoy International. Un autre projet porté par la société Immigration business Canada. Ce qui parait incompréhensible.

L’autre point d’achoppement avant les indemnisations à problème concerne le motif pour lesquels ces populations sont finalement déguerpies. D’après ces derniers qui continuent à brandir la pancarte de contestation, un domaine est déclaré d’utilité publique quand l’Etat veut faire des investissements publics à cet endroit. Or c’est pour des besoins de construction d’un hôtel que ces derniers ont été déguerpis.

« Nous sommes ici en face d’une forfaiture, nous sommes ici en face de la roublardise de certains fonctionnaires, avec leurs amis qui sont des spoliateurs fonciers. Et c’est une injustice qui est inacceptable. Vous ne pouvez pas décider de venir casser chez des gens dont certaines personnes ont déjà 70 ans. Elles vont aller où ? », Réagit Charles Lotine, membre d’un collectif des victimes

La Nouvelle Expression

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