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Covid-19: les camerounais sans masques dans les bars

La fête du travail était arrosée d’alcool dans certains coins chauds de la capitale au mépris de certaines mesures barrières telles que le port des cache-nez et la distanciation sociale.

La capitale politique a vibré ce 1er Mai. Si la célébration publique avait été interdite par une note du Sg de la présidence de la République, de nombreux travailleurs se sont donnés rendez-vous dans les débits de boissons afin de célébrer à leur manière cette journée. A 21 h, des coins chauds n’ont pas désempli. La veille, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a rendu public 19 mesures d’assouplissement parmi lesquelles :

« l’ouverture au-delà de 18 h, des débits de boissons, des restaurants et des lieux de loisirs, avec obligation pour les clients et usagers de respecter les mesures barrières, notamment le port du masque de protection et la distanciation sociale. » Une mesure accueillie comme une délivrance au regard de la joie qu’elle a suscité.

Dans un snack très couru au quartier Etoa-Meki, les tables pleines de bouteilles d’alcool. Des jeunes les vidaient à un rythme effréné. Ici, le masque de protection manque le plus. La distanciation sociale est restée dans le discours. On devise sans contrainte l’un assis à côté de l’autre.

Au quartier Nkol ndongo, un autre coin chaud de la capitale, le nombre de personnes avec un masque se compte au bout du doigt. « Vous-dérangez avec vos questions. Depuis quand on boit avec les masques ? On a ouvert les bars pour qu’on boive. Laissez-nous boire en paix, » fulmine un quinquagénaire visiblement très avance.

Aucune mesure de distanciation sociale n’est respectée tout comme au rond-point Nlongkak, Emana, Messassi ou encore à Mvog-Ada. Ces Camerounais de tout âge, croquent la vie à plein dent au mépris des mesures prises la veille. « C’est de l’insouciance. Ils n’ont pas attendu 48h pour s’installer dans les bars. Ça craint. Cette mesure est venue remettre tout en question, » se désole Arnaud Brice Eloundou, enseignant.

Et d’ajouter : « On a fermé ces bars quand le Cameroun était à moins de 100 personnes contaminées. Nous sommes maintenant à plus de 1500 cas et on ouvre les bars. Cela répond à quelle logique ».

L’économie d’abord, la santé après

La ville a retrouvé sa vie d’antan, avec un peu de timidité. Des commerçants exultent et saluent cette mesure. Face au marasme causé par cette crise sanitaire, le gouvernement veut relancer une économie devenue exsangue ; une volonté qui n’est pas du goût de certains yaoundéens : « C’est terrifiant. Le gouvernement a décidé de livrer les Camerounais. C’est de ça qu’il s’agit. Faire passer l’économie avant la santé est irrationnel. Il n’y a pas d’autres mots pour le dire », tonne Arlette Ngo, étudiante. L’incompréhension enfle également dans les réseaux sociaux. Pour Caliste Talla : « Le gouvernement vient d’ouvrir la boite de pandore au Covid-19 au Cameroun avec l’ouverture des débits de boisson à plus de 18h. Nous n’aurons que nos yeux pour pleurer».

Ça craint

Le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie dans un Tweet daté du 1er mai, appelle les populations à faire preuve de plus de responsabilité et une observance strictes des mesures barrières car « Toute attitude contraire pourrait contribuer à une flambée de l’épidémie. Restons chez nous, » souligne-t-il.

Une sortie jugée paradoxale et incohérente selon David Mbopda, expert en communication : « Le Pm décide de l’ouverture des débits de boissons au-delà de 18H et le Minsanté demande de rester à la maison. Qui ira donc au bar ? Cette communication pose problème. Des Camerounais n’ont plus peur ; même de la mort. C’est vraiment inquiétant de les voir se trémousser comme c’est le cas devant une bouteille de bière. »

Avec le retour du 4ème passager dans les taxis et des conducteurs de motos qui surchargent allègrement, la distanciation sociale n’est plus qu’une vue de l’esprit.

Source: Le Jour

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