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Coronavirus : le grand relâchement dans la ville de Douala

Depuis l’annonce par le Premier ministre de l’allègement des mesures barrière, les bars et autres snacks bars ne désemplissent plus.

Au marché « Double-Balle » ce mardi 05 mai 2020, ce n’est certes pas la grande affluence des jours ordinaires, mais la promiscuité observée ce soir dans ce lieu fréquenté du quartier Bépanda, dans l’arrondissement de Douala Sème, ne laiàse guère indifférent. Elle suscite même un peu de curiosité. Trente-cinq minutes se sont écoulées après 19 heures, mais certains commerces sont toujours ouverts dans l’attente des derniers clients.

Il y a le matériel électroménager exposé dans un kiosque mobile, des vivres et autres denrées alimentaires, et surtout ces objets vestimentaires ou de quincaillerie qui, désespérément, cherchent preneur. La clientèle est rare par ces temps de coronavirus, et ce n’est pas l’apanage, ni une spécificité de cette place marchande.

Les affaires tournent au ralenti depuis que cette pandémie a obligé les pouvoirs publics de la grande majorité des pays de la planète, à adopter des mesures fortes. A l’instar du confinement (partiel ou total), du respect de la distance d’au moins un mètre entre deux ou plusieurs personnes partageant un même milieu, de façon circonstancielle ou régulière

En fait de mesures barrière, il n’en est rien ici, à Bépanda Double-Balle, comme partout ailleurs à Douala. Les Camerounais sont comme engagés dans un suicide collectif. Car, entre leurs beuveries quotidiennes, quasi pathologiques, et l’auto restriction périodique de leurs libertés, ils semblent avoir penché en faveur de la première.

Assise sur un tabouret posé près de sa caisse chargée de bijoux, Carine, une jeune commerçante, affiche un air très détendu malgré la psychose créée par le coronavirus depuis quelques mois, et dont les effets sont encore perceptibles ce mardi 05 mai 2020.

Tout près de cette commerçante installée au marché « Double-Balle », chez Prince alias « Président du marché », six jeunes gens, tous des hommes, savourent allègrement des bières assis dans un petit bar où les clients ne courent pas, cette nuit. « Il est vrai que je ne parviens pas à faire la recette de la période précédant le coronavirus, mais je retourne tout de même chez moi, le soir, avec de quoi acheter du pain le lendemain », nous confie la jeune femme un peu grassouillette.

Le masque étouffe

Les « voisins » d’à côté se délectent de leur « nectar » dans la plus grande indifférence et ils ne semblent pas se soucier outre mesure de l’absence de cache-nez. Carine a pensé à son masque, mais elle a choisi de le baisser sous le menton, tel un étendart en berne, histoire de libérer ses voies respiratoires.

« J’étouffe quand je porte ce masque pour longtemps. Je suis obligée de le baisser ainsi, pendant des heures, pour respirer un peu », explique Carine en ajustant occasionnellement le kit de protection de sorte à recouvrir ses narines.

Pendant que le reporter longe la ruelle recouverte de bitume, qui mène au carrefour Tonnerre, un autre lieu très fréquenté de nuit comme en matinée (en raison de sa proximité avec des compagnies de transport inter urbain), il surprend une jeune femtne qui sort une de ses mamelles du soutien-gorge pour allaiter son bébé en pleine rue. Celle-ci contemple la cuvette de pommes de France posée devant elle tandis que derrière, sur un étal étagé, des bouteilles des déchets d’huile raffinée sont en souffrance.

Dieu au contrôle

Le bar de Murielle se trouve justement à l’entrée de.la ruelle qui descend jusqu’à l’agence de Général Voyage, une des plus grandes compagnies de transport desservant la région de l’Ouest et du Nord-Ouest en temps normal. La vie bat son plein dans les bars et les snacks-bars-hébergement (auberges) situés en face.

Des disciples de Bacchus s’y donnent à cœur joie et se la croquent à pleines dents. Des vendeurs de « soya » proposent de la viande à la braise et autres grillades exposées en plein air, à la merci du virus de Covid-19. Et les clients de ce type de commerce ne manquent pas. Contrairement à Carine, Murielle n’a pas voulu s’encombrer de cache-nez.

Ce mardi soir, Murielle a ouvert le bar de sa mère, en déplacement à Mbouda, il y a tout juste quelques minutes. Ce qui est une aubaine pour le reporter et le jeune homme qui lui tient compagnie, car ils sont les premiers clients et ils ont la possibilité de respecter la distance prescrite d’un mètre. Selon la jeune diplômée de l’Enieg, sans intégration depuis sa sortie de l’école il y a quatre ans,

Dieu est au contrôle et il demeurele seul salut pour les Camerounais, dans le contexte actuel, les quatre autres clients qui deboulent ici, après nous, installent leurs chaises plus à l’écart pour assouvir le même besoin que la plupart de leurs autres compatriotes : oublier le train-train quotidien et son lot de difficultés, noyés dans un verre des soucis qui, loin d’être rangés dans les oubliettes finissent toujours par les rattraper.

Ainsi va la vie des Camerounais dans la métropole économique depuis qu’une décision du Premier ministre, prise « sur hautes instructions du Président de la République », est venue les affranchir » des supplices de cette « prison » appelée communément confinement. Ce soir du 30 avril, ils s’étaient rués dans des snack et autres boîtes de nuit, pour feter ce qui apparaissait alors, à leurs yeux, comme le déconfinement. Une interprétation erronée.

Source : Le Jour

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