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Cameroun : une femme perd son titre de chef de village pour avoir refusé la vente illicite de terrains par le sous-préfet

C’est du moins ce que raconte Madeleine Passy Makoumack, la chef du village déchue, au site Griote

En effet, apprend-on, Passy Makoumack a été nommé le 12 octobre 2021, chef traditionnel du 3e degré du village de Mevia Lac Ossa, dans l’arrondissement de Dizangue, par l’ancien Sous-préfet Ebko Sandjomo Sosthène, sur instruction du Préfet de la Sanaga-maritime.

Le mardi 5 avril 2022, les populations ont été surprises d’apprendre que le nouveau sous-préfet nommait un nouveau chef du village de Mevia. Une appellation au mépris des textes qui régissent les chefferies traditionnelles.

« Sur la liste des procès-verbaux se trouvaient les autres chefs de Dizangue. C’est injuste selon les règles sur la désignation des chefs. Lorsqu’un chef est nommé, ce ne sont pas les chefs des autres villages qui viennent voter, ce sont les notables. Les notables de Mevia ont refusé d’aller à cette désignation et ils ont pris les chefs des autres villages pour procéder à cette désignation, et dans un village voisin, ce qui n’est pas juste« , se lamente Madeleine Passy.

Elle est remplacée par un homme avec l’accord du nouveau sous-préfet

Le problème commence suite à la vente du terrain. Le sous-préfet a reconnu la vente de 9 ha de terrain à 2 millions FCfa à Mevia demandant à Passy de signer comme notable et le chef de canton comme chef de village. Face à son refus, de sérieux problèmes vont commencer, allant jusqu’à la nomination d’un nouveau chef de village. Cependant, cela faisait 5 mois qu’elle avait été légalement nommée.

« Tout notre espoir était d’avoir une femme chef de terre. Nous étions si heureux. En nous disant qu’avec une femme comme autorité administrative, il fallait mettre fin à la corruption dans le village. Les ventes de terres illicites cesseront. Mais non, il a triplé« , dénonce le dirigeant déchu.

Lors de sa tournée de prise de contact, le nouveau sous-préfet, reçu par le Chef du village, Madeleine Passy Makoumack avait pourtant félicité cette dernière pour l’impulsion donnée à ce village qui avait été jusqu’alors quasiment rayé de la carte de l’arrondissement de Dizangue.

Sous la même casquette de chef traditionnel, elle organise des événements comme la journée internationale de la femme, sur recommandation de l’autorité administrative. Tout allait très bien entre les deux, la collaboration était fluide, jusqu’au désaccord sur la vente des terrains.

« Le fait que j’aie refusé de signer et de vendre le terrain, voilà où j’en suis. Je suis une femme, je suis chez moi et je n’ai pas l’intention d’abandonner. J’ai un procès-verbal signé par un sous-préfet qui est en poste, qui a fait un travail remarquable. Je ne veux pas abandonner le village et surtout ces femmes qui ont besoin de moi. Je continue à mener mes actions en tant que chef de village légitimement élu. Il y a deux semaines, nous avons cultivé notre champ communautaire. Cette semaine, les femmes seront encore dans la brousse. Mais je reçois des menaces disant que si j’y vais, je serai arrêtée« , raconte le Chef de village.

Le sous-préfet dit avoir appliqué la loi

Angèle Maïwola est huée par les villageois alors qu’elle se rend à Mevia le 5 avril 2022 pour l’installation d’un nouveau chef. Les gens ne sont pas d’accord. Mais pour elle, elle ne faisait que suivre la loi.

« Nous n’avons fait qu’appliquer le décret de 77 qui régit les chefferies traditionnelles et qui recommande que la succession se fasse en l’une du chef décédé. En l’occurrence, le chef décédé avait laissé 03 fils adultes et 02 filles qui sont tous normaux et de bonne moralité, il n’était donc pas question de passer pour un mercenaire alors que la relève du chef décédé en 2017 est assurée. Ce qui est certain, c’est que mon prédécesseur n’a pas eu le temps matériel de corriger son erreur car les consultations avaient eu lieu le 22 octobre et l’arrêté du 15 octobre l’avait muté, sinon il serait parti de lui-même sur instruction du préfet pour corriger ses bêtises« , réagit le sous-préfet à nos confrères de Reflets d’Afrique.

Rejetant les accusations de Madeleine Passy, ​​le chef de Terre fait croire que sa désignation avait été truquée. Elle va plus loin et l’accuse d’insubordination.

« Que dire de la procédure régulière d’immatriculation des terres acquises par une dame à l’un de ses oncles maternels et où la commission consultative descendit pour constater l’occupation et l’aménagement et dont elle alla arracher les bornages fixés par les géomètres assermentés ? Ce qui est aussi une infraction pénale. Interrogée à ce sujet par le sous-préfet, elle m’a demandé avec arrogance de lui adresser une correspondance administrative que je lui notifierai. Venant d’une personne postulant pour travailler comme assistante administrative, c’était une réaction terrible« , martelé, le sous-préfet.

En attendant que la lumière soit faite sur cette affaire, la patronne de Mevia Madeleine Passy Makoumack a été remplacée et les nouvelles autorités sont accusées de brader des terres aux Asiatiques.

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Cet article a été écrit à la base en anglais et traduit par la rédaction

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