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Cameroun/Mort de Samuel Wazizi : le silence étrange du gouvernement

Voilà plus de 48 h que Equinoxe télévision a annoncé en exclusivité une nouvelle aussi grave que celle de la mort de ce journaliste, des suites de torture, arrêté il y 10 mois et conduit vers une destination inconnue. Comment expliquer ce mutisme des autorités de Yaoundé ?

Doit-on comprendre que le gouvernement de la République a tiré les leçons de ses sorties «précipitées» dans la gestion des évènements passés? On se rappelle ce cas qui avait fortement ému toute la communauté nationale et internationale en août 2018. Une vidéo qui montrait des soldats en train d’exécuter sommairement, et à bout portant, deux femmes et leurs enfants dans la région de l’Extrême nord du Cameroun.

L’ancien ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, était monté au créneau pour crier à un complot des ennemis du Cameroun. Soutenant mordicus que cette scène se passait dans un pays sahélien, en Afrique de L’Ouest. «Il s’agit d’une autre manœuvre de désinformation grossière dont les faits projetés n’ont aucun rapport avec l’action menée par les forces de défense et de sécurité dans le cadre des missions qui leur sont confiées», avait-il déclaré avec assurance.

Avant d’ajouter: «les militaires qui sont impliqués dans cette opération présentent visiblement le même phénotype. Or, l’armée camerounaise est une armée nationale qui réunit en son sein toutes les composantes sociologiques de la nation».

Mais les démentis s’étaient multipliés. Surtout, ces informations précieuses que notre confrère, l’Œil du Sahel, avait données sur le lieu où la tragédie s’était produite : Krawa-Mafa, une bourgade du Mayo Moskota, département du Mayo Tsanaga. La première femme, en rouge, s’appelait Zoumtegui, et la seconde, Kelou Manatsad. Leurs enfants et elles avaient été enterrés au pied de la montagne bien visible dans la vidéo.

Une foultitude de preuves fournies par la suite avait obligé le gouvernement camerounais à reconnaitre l’acte horrible de ses hommes. Par la suite, le même Issa Tchiroma Bakary avait signé un communiqué pour indiquer qu’après une enquête prescrite par le chef de l’Etat pour faire ia lumière sur ces crimes, sept militaires avaient été mis aux arrêts: le lieutenant de vaisseau -Fobassou Etienne, le sergent-chef . Bytila Cyriaque Hilaire, le caporal

Godwe Mana Didier Jeannot, le caporal Tsanga, le soldat de deuxième classe Dossou Barnabas, le soldat de première classe Ntiche Fewou Ghyslain, le soldat de deuxième classe Manasse Jacobaï Jonathan.

L’affaire de ces militaires jugée au tribunal militaire de Yaoundé depuis cette période, est comme embourbée. Au départ, les quelques rares audiences qui étaient ouvertes au public se tiennent depuis quelques mois à huis clos.

Ensuite est venu le cas du massacre de Ngarbuh dans le département du Donga Mantung au Nord-ouest le 14 février 2020. Les informations des sources indépendantes, des organisations de la société civile nationale et internationale, des institutions du système des Nations Unies, des évêques dans le Nord-ouest, étaient d’accord dans leurs rapports respectifs que ce sont les éléments des forces de défense camerounaises qui étaient à l’origine des tueries de Ngarbuh.

Et tous étaient unanimes sur le chiffre de plus de 20 morts. C’est près de 48h après la survenue de ces événements que le chef de la division de la communication au ministère délégué à la présidence de la République chargé de la défense, le Capitaine de frégate, Serge Cyrille Atonfack Guemo, avait publié un communiqué le 17 février 2020 pour donner la version de l’armée, reconnaissant une opération des forces de l’ordre dans un repère des terroristes dont les dCgâts collatéraux avait fait 5 morts dont 4 enfants et une femme, et 7 terroristes neutralisés.

Le même jour, le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la défense, Joseph Beti Assomo, dans son communiqué, allait reprendre presque les mêmes informations, sans être aussi affirmatif que le chef de la division de la communication, mais avec cette nouveauté qu’il avait prescrit une enquête concomitamment menée par la gendarmerie et la sécurité militaire. Le ministre de la communication et porte-parole du – gouvernement, René Emmanuel Sadi, dans sa sortie 48h plus tard, allait s’arc-bouter aussi sur le nombre de morts avancé par le Mindef.

On se souvient que le ministre de l’administration territoriale, Paul Atanga Nji, en véritable Zorro des films, avait soutenu qLS «les Ong aux ordres ont reçu plus de cinq milliards de F cfa des réseaux occultes à l’intérieur et à l’extérieur du Cameroun pour diaboliser les institutions de la République», et pour diaboliser «régulièrement dans certains médias à leur solde et dans les réseaux sociaux des informations tronquées pour discréditer la gestion de la crise dans le Nord-ouest et les Sud-ouest par le gouvernement».

Manifestement sous des pressions multiformes, ie président de la République allait instruire le gouverneur de la région du Nord-ouest, Adolph Lele Lafrique, qui était descendu sur le terrain le 27 février, entouré d’une commission d’enquête, avec 8 jours pour rendre sa copie. Une fois de plus, il a fallu que ce soit la commission créée par le président de la République qui soit commise pour dire la vérité.

Dans un communiqué rendu public le 21 avril dernier, le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la république, Ferdinand Ngoh Ngoh, informait l’opinion, au nom du président de la république, que selon les résultats de l’enquête prescrite par le locataire d’Etoudi, les militaires camerounais étaient bien les auteurs de la tragédie de Ngarbuh.

Différents acteurs qui avaient pris position sur le sujet, avaient trouvé bien des failles dans le communiqué de la présidence de la République. Mais il avait au moins l’avantage de prendre totalement à contre-pied les membres du gouvernement et de confirmer la version jusque-là donnée par les ong.

Pour le cas de Samuel wazizi, peut-être faudra-t-il encore que ce soit le président de la République qui ordonne une enquête. Parce qu’il faut savoir : Est-il vivant ? Et s’il est vivant, pourquoi le cache-t-on depuis bientôt un an sans jugement ? S’il est mort, que lui reprochait-on précisément? Quel est l’itinéraire qu’il a emprunté ? Quand est-il mort et où l’a-t-on enterré ? Pourquoi a-t-on caché l’information ?

En attendant, les ministres ont-ils peur de se tromper une fois de plus comme pour les cas précédents ? En tout cas, leur silence assourdissant est désastreux pour l’image de leur gouvernement.

Source: La Nouvelle Expression

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