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Cameroun : l’hôpital de district de Kribi sort d’un long coma

La structure recouvre peu à peu la santé après une longue période d’agonie. Enquête.

Salle d’hospitalisation pour hommes de l’hôpital de district de Kribi. Nous sommes en février 2022. Allongé sur un lit métallique rongé par la rouille et le temps, un patient, la trentaine à peine dépassée, se tord de douleur. Il sort fraîchement du service d’urgence où il a été reçu par l’équipe médicale en place. Sa respiration se détériore.

Le malade doit être placé sous oxygène. Dans la foulée, il signale une envie pressante de se rendre aux chiottes. Le jeune homme est tenu par la main. Avec son accompagnateur, ils traversent le couloir insalubre qui longe vers la salle d’eau, sous le regard inquisiteur de garde-malades sensibles aux moindres faits et gestes.

À quelques mètres de leur destination finale, une porte étroite est marquée de l’inscription « toilettes.» Une odeur nauséabonde se dégage. Le patient et son soutien se froncent les visages. Ils respirent à peine. De passage, une jeune dame en blouse blanche balance ces mots : « il y’a pas d’eau à l’hôpital.» C’est une infirmière. Pour elle, la situation paraît normale. Elle disparaît en quelques minutes au bout du chemin. Notre patient réussit à se soulager. Il ressort sans opérer la chas- se d’eau. Le scénario se répète pour tous les malades internés ici.

Manque d’eau potable

Autre lieu, autre drame. Nous nous rendons à la morgue cette fois-ci. Le service est énormément sollicité depuis que la ville de Kribi connaît un boom économique et démographique. Ce matin du mois de février, alors que la nuit n’a pas dit son dernier mot, une famille s’amène, un corps inerte entre ses mains. Le septuagénaire a rendu l’âme dans une formation sanitaire privée de la cité balnéaire. Le commis de morgue est joint au téléphone.

Son numéro est gravé sur le mur défraîchi de la vielle bâtisse. Il prend une trentaine de minutes avant de pointer son nez sur les lieux. En attendant son arrivée, les âmes sensibles s’étripent en pleurs. Les plus coriaces, découvrent avec stupéfaction la hauteur des mauvaises herbes, abri d’insectes et de toutes sortes de bestioles. Les per- sonnes arborant des vêtements courts n’ont d’autres choix que de rebrousser chemin. Les piqûres de moustiques sont violentes.

C’est alors que le commis arrive. Le regard hagard, il fait appel aux « usagers.» « Où sont les responsables ?» balance-t-il. T rois personnes se démarquent de la petite foule qui s’est formée. Elles sont appelées à l’intérieur pour des modalités d’usage. Là aussi, il va se poser le problème du manque d’eau.

Les moyens du bord sont utilisés. Un seau contenant de l’eau de pluie recueillie la veille servira pour la toilette du corps, avant son conditionnement. Les accompagnateurs repartent avec un pincement au cœur. L’hygiène hospitalière laisse à désirer. Certains jurent de ne pas remettre les pieds ici.

Une chirurgie opérée

Ces conditions relèvent désormais du passé à l’hôpital de district de Kribi. En quelques semaines seulement, la formation sanitaire a fait sa mue. Une chirurgie s’est opérée. La mauvaise herbe a laissé place aux espaces verts tondus et les murs de bâtiments, jadis crasseux, ont reçu une nouvelle couche de peinture. L’eau courante a été rétablie.

Le coup de bistouri est l’œuvre du Docteur Saurel Ngo’o Mebe. Pour le jeune médecin, « la vision administrative de l’Hôpital de district de Kribi doit s’inscrire en droite ligne avec celle du Ministère de la santé publique ; à savoir, l’amélioration des soins de santé et des services rendus aux patients. »

Le Directeur de l’Hôpital de district de Kribi veut également œuvrer en faveur du plateau technique à travers l’acquisition de nouveaux équipements. Par ailleurs, l’approvisionnement régulier en médicaments essentiels, le renouvellement des contrats de travail des personnels, l’hygiène hospitalière et la maintenance des équipements défectueux figurent parmi ses priorités.

L’hôpital de district de Kribi est l’une des plus vieilles formations sanitaires au Cameroun. Crée en 1935, sous l’appellation de Poste colonial sanitaire, il occupe une surface de 02 ha. Cette institution hospitalière a connu plusieurs mutations. Ainsi, d’abord érigée en hôpital départemental de Kribi, elle prend son nom actuel, Hôpital de district de Kribi, depuis 1996. L’Hdk dispose d’une capacité de 106 lits et couvre une aire de santé d’environ 150.000 habitants.

L’hôpital, offre actuelle- ment, l’ensemble des prestations sani- taires conformes au paquet complémentaire d’activités des hôpitaux de district dans le système de santé du Cameroun. 95 personnels y exercent au quotidien : 1 pédiatre, des chirurgiens, des radiologues, des gynécologues, des médecins généralistes, des chirurgiens buccodentaires.

Le personnel paramédical est composé d’un pharmacien, de plusieurs Infirmiers diplômés d’État (Ide), de laborantins, d’un infirmier en santé mentale etc. La vétusté des bâtiments, construits pour la majorité à l’époque coloniale, entrave cependant le paquet complémentaire d’activités.

Le Messager

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