Le ministre des Forêts et de la Faune a visité, le 8 juillet dernier, le plan d’eau menacé par la salvinia molesta, plante invasive.
« C’est grave. Nous n’arrivons plus à lancer nos filets.» Raymond Moukala, pêcheur basé à Dizanguè, déplore ce qui arrive depuis quelques anpées au lac Ossa, source de revenus pour lui comme pour ses nombreux collègues, et attraction au fort potentiel touristique de cet arrondissement de la Sanaga-maritime. Il se trouve que le plan d’eau, d’une superficie de 4 000 hectares, est attaqué par une plante invasive, la silvi-nia molesta.
« Cette plante originaire du Brésil a envahi le lac et compromis son équilibre écologique. Elle prolifère très rapidement, doublant en superficie tous les dix jours », explique le Dr Aristide Takoukam, président de l’African Marine Mammal Conservation Organization (Ammco), active en Sanaga-maritime.
Une situation pour le moins préoccupante, donc. Mercredi 8 juillet dernier, le ministre des Forêts et de la Faune s’est rendu aux abords du plan d’eau. Jules Doret Ndongo a pu voir par lui-même comment la silvi-nia molesta forme une espèce de croûte végétale en bien des endroits de la surface du lac.
Lors d’une séance de travail tenue à l’hôtel de ville de Dizanguè, on apprendra du président de l’Ammco qu’en 2015, « il n’y avait pas de salvinia » Mais en 2016, « la plante a commencé à proliférer, puis a envahi complètement les zones marécageuses en 2017 ». L’année d’après, l’invitée indésirable a commencé à envahir le large, en 2019 c’est la partie nord du lac qui a été prise d’assaut. Et en 2020, la sinistre progression s’est poursuivie, toujours d’après le chercheur, qui conclut : «Ce sont près de 25% du lac qui sont désormais occupés par la salvinia».
Première conséquence de cette situation fait, l’obstruction des voies de navigation, un impact négatif sur la biodiversité floristique du lac, la réduction des quantités d’oxygène dans l’eau – au détriment de la faune marine – et une baisse de l’activité de pêche…
« Le lac Ossa a évidemment un fort potentiel éco-touristique (…) La salvinia est donc pour nous un adversaire qu’il faut éradiquer afin de préserver l’attrait de ce site », va expliquer le Minfof lors de la séance de travail susmentionnée. Jules Doret Ndongo a donc annoncé une action synergique : le ministère en charge des forêts et celui en charge de l’environnement, mais aussi les départements chargés de l’économie, de l’élevage et de l’agriculture, ont récemment planché sur la question.
Une task force a été mise sur pied et un fonds commun constitué. En attendant des actions d’envergure, le Minfof a promis un accompagnement de la lutte manuelle, qui se poursuit au niveau de la commune contre l’ennemi silvinia.
