Le gouvernement accuse d’anciens soldats et des groupes djihadistes de collaborer dans une tentative de déstabilisation.
Le gouvernement militaire du Burkina Faso affirme avoir déjoué ce qu’il qualifie de « complot d’envergure » visant à renverser le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte, alléguant l’implication d’acteurs basés en Côte d’Ivoire voisine et des liens avec des réseaux terroristes.
Le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, a annoncé cette opération à la télévision d’État lundi, affirmant que la tentative avait été orchestrée par des membres et anciens membres des forces armées ayant des liens avec des chefs djihadistes. Selon Sana, le plan présumé visait à prendre le contrôle du palais présidentiel lors d’une attaque militaire coordonnée la semaine dernière.
« Plan pour semer le chaos »
Lors de son allocution télévisée, Sana a déclaré : « L’objectif des conspirateurs était de semer le chaos total et de placer le pays sous la supervision d’une organisation internationale.» Il a ajouté que l’opération devait culminer le 16 avril avec une attaque contre la présidence par des soldats recrutés à cette fin.
Selon Sana, les chefs traditionnels et religieux ont été approchés par les conspirateurs pour tenter de convaincre des officiers supérieurs de soutenir l’opération. Le ministre a également affirmé que des informations militaires sensibles avaient été divulguées à des groupes insurgés afin d’encourager les attaques et de provoquer des troubles.
Acteurs extérieurs accusés
Dans une accusation directe, Sana a déclaré : « Les cerveaux à l’extérieur du pays se trouvent tous en Côte d’Ivoire.» Il a nommé deux anciens officiers militaires burkinabés soupçonnés d’être à l’origine du plan. Aucune réponse officielle n’a encore été publiée par le gouvernement ivoirien à ces allégations.
Ce n’est pas la première fois que le Burkina Faso accuse son voisin du sud d’abriter des éléments de l’opposition. La junte a déjà laissé entendre que des dissidents en exil recevaient un soutien de l’étranger.
Arrestations et précédents
Plusieurs personnes, dont deux officiers, ont été arrêtées la semaine dernière en lien avec le complot, selon des sources sécuritaires citées par l’AFP. Les autorités n’ont pas publiquement identifié les personnes arrêtées.
Cette dernière accusation fait suite à une annonce similaire faite en novembre dernier, lorsque le gouvernement avait déclaré avoir déjoué un autre plan visant à déstabiliser le gouvernement.
Le capitaine Traoré a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en 2022, dans un contexte de montée des violences djihadistes à travers le pays. Depuis, le Burkina Faso s’est retiré de la CEDEAO, aux côtés du Mali et du Niger, formant une nouvelle alliance de gouvernements dirigés par des militaires. Le pays a également rompu ses liens avec la France et renforcé sa coopération avec la Russie.
Insécurité persistante
Malgré des promesses répétées d’amélioration de la sécurité, de vastes portions du territoire burkinabé restent sous le contrôle de groupes armés. On estime que 40 % du territoire est inaccessible aux autorités de l’État, et les attaques des insurgés se poursuivent à travers le pays.
La région, qui comprend des parties du Mali et du Niger, connaît désormais plus de décès dus aux violences terroristes que toute autre région du monde, selon des groupes de surveillance internationaux.
Les dirigeants militaires burkinabés ont systématiquement présenté les dissensions internes et les critiques externes comme s’inscrivant dans une stratégie plus large visant à affaiblir leur autorité. La dernière tentative de coup d’État présumée souligne la fragilité du régime actuel, dans un contexte de conflit persistant et d’alliances géopolitiques changeantes.