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Bnews1 : un peu plus d’un an après sa création, la chaîne fondée par Ernest Obama est à l’agonie

Depuis le 12 mai dernier, Bnews1 est introuvable sur les bouquets et même sur Facebook où elle avait l’habitude de faire des diffusions. Médiatude se propose d’analyser les grands éléments qui ont siphonné la coque de ce projet futuriste.

15 janvier 2021, il est 20h, le générique se met à tourner, Albertine Bitjaga, ancien visage phare d’Equinoxe TV et de Vision 4 apparaît à l’écran, toute souriante. Au menu du journal sur cette nouvelle chaîne où elle a déposé ses valises, une communication de son directeur général. Il n’est pas inconnu du public, et ses premiers mots après son départ houleux d’une précédente aventure sont attendus.

Tous, ou presque, ont vu se balader les affiches annonçant la naissance de la chaîne dans les différentes rues de la ville de Yaoundé, mais aussi sur les réseaux sociaux. Ils ont attendus longtemps, sur le canal 395 des bouquets Canal+, mais aussi sur les plateformes numériques de la chaîne.

Après les formules usuelles, Albertine Bitjaga introduit son chef, c’est Ernest Obama. L’homme qui a échappé quelques mois plutôt à la prison suite à certains antécédents avec son ex employeur, Jean Pierre Amougou Belinga est droit dans ses bottes, et exprime clairement ses ambitions.. Il veut porter Bnews1 au sommet. Il veut la mettre au même niveau que les chaînes infos internationales. Il se donne le défi de corriger l’image qu’ont de lui certains Camerounais (souvent taxé par certains de tribaliste). Il annonce une révolution.

Le casting présenté pour meubler la chaîne est alléchant. Jean Solaire Kuete, Visley Oyé, Donald Anyouzoa, Ladiva Mido, Serge Seppoh, Ambroise Awono. Des noms ronflants, qui ont une certaine stature, mais aussi, qui ont la particularité pour certains d’avoir déjà été sous les ordres « du boss » à Vision 4. L’ancre est levée, le bateau Bnews1 avec Ernest Obama comme capitaine prend les eaux, un ciel bleu et radieux, symbolisé par son logo se présente devant lui. Le projet fait rêver.

Les premières zones de turbulence

Quelques mois après sa naissance, Bnews1 se positionne déjà assez bien dans le paysage médiatique camerounais. Ses émissions font partie des plus suivies, et apparaissent régulièrement dans le classement des émissions les plus regardées sur le web, top publié par Médiatude. Le voyage entrepris par Ernest Obama et son équipe semble voué à un beau destin. Mais cette tranquillité sera vite troublée par des turbulences.

D’abord, la sortie de la chaîne des bouquets Canal+, sans qu’aucune explication crédible ne soit donnée par le top management de la chaîne. Quelque temps après, les départs de Jean Solaire Kuete, puis de Serge Seppoh vont fragiliser la chaîne, qui en recrutant va chercher à colmater les brèches crées.

En septembre 2021, la chaîne connaît un mouvement d’humeur de ses employés. Ceux-ci réclament des salaires impayés. Ils sont écartés pour la plupart et la chaîne restructurée. Le départ d’Ernest Obama pour accompagner Samuel Eto’o à la conquête de la présidence de la Fécafoot va laisser le bateau sans son commandant, à la merci du destin.

Des contentieux financiers

Selon des indiscrétions au sein de la chaîne, Lucas Owona, Président du conseil d’administration de la chaîne aurait très vite pris ses distances avec le projet, après le retrait de Bnews1 des bouquets Canal+. Selon cette même source, un désaccord financier serait né entre le PCA et son directeur général Ernest Obama au sujet l’argent prévu à cet effet. Aussi une quittance a mis la chaîne au centre de l’information, alors qu’Ernest Obama et Ambroise Awono se déchiraient pour une question de revenus publicitaires.

Autre point de discorde, l’influence de certains collaborateurs sur Ernest Obama ; celle-ci sera dénoncée à mots voilés par Serge Seppoh au lendemain de son départ de la chaîne. Le coup de trop aura probablement été le fait de remercier les meneurs de la contestation en fin d’année. Certains employés avaient alors dénoncé l’arrogance de leur directeur général. Le gros de l’équipage du bateau envolé, ses locaux sont devenus, indique une source, : « Une vaste cour de récréation. Chacun y vient quand il veut, fait ce qu’il veut et s’en va ».

Arrêt de diffusion et une mort programmée ?

Occupé par de nouvelles responsabilités à la Fécafoot, Ernest Obama va désigner Visley Oyié, l’un de ses plus fidèles à la tête de Bnews1 pour tenter de sauver le navire. La chaine va emprunter un nouveau positionnement annonçant le 28 février 2022 qu’elle va désormais proposer 60% d’information et 40% de divertissement. Mais rien. Malgré les multiples redémarrages, le bateau ne va pourtant pas bouger.

Depuis le 12 mai dernier, la chaine est introuvable sur les bouquets et même sur Facebook où elle avait l’habitude de faire des diffusions en streaming. « BNEWS1 n’émet plus (du moins pour le moment). En espérant que cela change ! C’est depuis près de trois semaines aujourd’hui », nous confirme un cadre de la chaine que nous avons contacté alors que nous essayions en vain de retrouver Bnews1 pour assurer son monitoring sur nos pages.

Hypothèses de l’échec

Nous avons approché d’anciens responsables et producteurs de contenus dans la chaine pour tenter de comprendre les raisons de cet échec. Pour Ambroise Awono, ancien Rédacteur en chef adjoint, Bnews a été conçue dans la précipitation.

« BNEWS a souffert de ce que les médecins appellent les problèmes infantiles. Puisque née dans un contexte très compliqué. Monsieur Obama Nana Dieudonné qui était le directeur général sortait d’une situation difficile de sa vie, lui qui voulait absolument sortir de l’ornière, n’a pas bien mûri ce si beau projet. Cela dit, nous autres n’avions pas cette information au départ. Nous avons sombré dans la colère. Pourtant celle-ci n’est pas synonyme d’inconscience.

Si Bnews ferme ses portes, ce ne sera pas à cause de la mal gouvernance, encore moins de la qualité du personnel qui y était, mais plutôt à cause d’une personne qui a vendu le rêve à Monsieur Obama Nana Dieudonné et qui aujourd’hui n’arrive plus à assumer toutes les promesses faites. Même le coup de baguette magique ne peut pas résoudre ce genre de situation », raconte le journaliste parti en décembre 2021 en créant un front de contestation.

Pour Pierre Nka, producteur de contenus, la faute est due au casting de départ. « Bnews1 c’est la mort des aventuriers dans la presse. Bnews a commencé avec de grosses têtes (journalistes et animateurs à la notoriété établie (Ndlr)à sa tête. Malheureusement, la somme des grosses têtes ne fait pas la télé. Le management oblige à construire une team de jeunes pour avoir un esprit. Cet esprit ne se prend pas du jour au lendemain comme les grosses têtes ont vidé la rédaction un à un. Avant que la grosse tête principale ne trouve une destination du fait de son loyalisme pour un acteur public », explique Pierre Nka. Il est le promoteur de Sens Politique qui a diffusé pendent plusieurs mois l’émission Mittelafrika Inside.

« Si l’arrêt de Bnews1 se confirme, je dirais que c’était une belle opportunité pour moi parce qu’il n’y avait pas assez de contrainte. On avait la liberté de lui apporter juste le PAD de Mittelafrika Inside. Elle serait aussi un frein parce qu’on avait d’autres productions pour la vie nationale. Nous avons du contenu, mais cherchons un diffuseur compréhensif comme l’a été Bnews1 durant 9 mois », détaille Pierre Nka.

À Bnews1, des responsables encore en poste nous assurent par contre qu’ils sont en cours de réglages pour éviter une triste fin de ce projet qui semblait promis à un futur glorieux.

Mediatude

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