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Audition au TCS : comment Paul Biya a sauvé Ferdinand Ngoh Ngoh

Le média panafricain Jeune Afrique a publié vendredi après-midi sur son site Internet un article qui décrit comment le récent bras de fer entre le secrétaire général de la présidence de la République et la justice s’est terminé.

Une autre histoire de « hautes instructions » présidentielles. Si l’on en croit un article publié ce vendredi en fin d’après-midi sur jeuneafrique.com, le portail Internet de l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, c’est une intervention de Paul Biya qui a évité au secrétaire général de la présidence de la République de se retrouver dans de sales draps.

La publication fondée par feu Béchir Ben Yahmed, « Paul Biya a ordonné la suspension du mandat d’amener émis par le parquet du Tribunal criminel spécial contre Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence (SGPR). Selon nos informations, le président s’est entretenu avec son principal collaborateur et lui a renouvelé sa confiance », ajoute la publication éditée à Paris.

Elle conte cet épisode de la guerre des clans du pouvoir engagés dans un combat que nombre d’observateurs expliquent par la volonté de prendre le pouvoir au Cameroun après le départ de Paul Biya.

Jeune Afrique écrit qu’appelé à s’expliquer dans l’enquête sur la gestion des fonds Covid-19 ordonnée par le chef de l’Etat camerounais, le SGPR va refuser de  répondre à une convocation du juge du Tribunal Criminel Spécial (TCS) le 18 Octobre 2022. Toujours selon Jeune Afrique, « ayant constaté l’absence du justiciable, le juge a délivré le mandat d’amener, comme le prévoit la procédure pénale ».

Dès lors l’affaire prend des proportions. Le journal dédié au continent noir rapporte que celle-ci a été interrompu sur ordre du président camerounais.

Voici dans son intégralité l’article de JA qui évoque le bras de fer Ngoh Ngoh-TCS

Cameroun : comment Paul Biya a sauvé Ferdinand Ngoh Ngoh

Le mandat d’amener émis contre le secrétaire général de la présidence par le parquet du Tribunal criminel spécial a été suspendu… sur ordre du chef de l’État. Explications.

Par Jeune Afrique

Après quelques jours de tempête, le calme est revenu à Yaoundé. Paul Biya a ordonné la suspension du mandat d’amener émis par le parquet du Tribunal criminel spécial contre Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence (SGPR). Selon nos informations, le président s’est entretenu avec son principal collaborateur et lui a renouvelé sa confiance.

La vie au sein de la capitale camerounaise a repris son cours, après que celle-ci a retenu son souffle dans l’attente de l’issue de ce bras de fer opposant la justice à l’un des piliers du pouvoir exécutif. Mais comment en est-on arrivé à cette situation inédite ? Tout est parti d’une « haute instruction » de Paul Biya, transmise à Laurent Esso, le ministre de la Justice.

Un autre intermédiaire…

Dans cette missive, le chef de l’État instruit le garde des Sceaux d’ouvrir une enquête judiciaire, non seulement sur les malversations présumées constatées dans un rapport de la Chambre des comptes mais aussi – et c’est le fait nouveau – sur des dénonciations portant sur le travail de la fameuse task force créée à la présidence, sous la férule de Ferdinand Ngoh Ngoh. Sauf que, selon nos sources, Paul Biya fait passer cette « haute instruction » non pas par l’intermédiaire du SGPR, puisque ce dernier est concerné par l’enquête, mais par celui de Samuel Mvondo Ayolo, le directeur du cabinet civil. Fort du feu vert du président, Laurent Esso donne carte blanche aux fins limiers du parquet. Ceux-ci font parvenir, dans un premier temps, un questionnaire au SGPR, qui ignore alors que le travail de la task force est directement concerné. Par la suite, ils le convoquent « physiquement » le 18 octobre pour une audition relative à son rôle dans le cadre de la riposte anti-Covid.

Ce jour-là, les journalistes s’attendent à immortaliser en direct l’humiliation de l’homme le plus puissant du pays, après Paul Biya. En bonne place, les caméras de la télévision Vision 4 de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga : la chaine avait prévu de diffuser en ouverture du journal télévisé les images de Ngoh Ngoh au tribunal. Proche de Laurent Esso et du ministre des Finances, LouisPaul Motaze, dont l’inimitié avec le SGPR est proverbiale, Amougou Belinga a des raisons personnelles d’en vouloir à Ngoh Ngoh. L’homme d’affaires et ses alliés soupçonnent le SGPR d’avoir convaincu Biya d’écrire à Motaze, le 2 septembre, pour lui ordonner d’annuler sa décision accordant 70 % de réduction à la dette fiscale de 11 milliards de F CFA (16,73 millions d’euros) pesant sur les entreprises d’Amougou Belinga. Par ailleurs et dans le même temps, Motaze subit depuis le début d’octobre au sein de son ministère une mission d’audit des contrôleurs d’État, missionnés par la présidence.

Les limites de la « méthode Biya »

Convoqué au Tribunal criminel spécial (TCS), Ngoh Ngoh refuse d’honorer le rendez-vous. Il estime n’avoir rien à faire dans l’enquête portant sur des irrégularités et des soupçons de détournements relevés par la Chambre des comptes. D’autant que c’est à la suite du rapport de l’institution que la task force, qu’il a donc pilotée, avait été créée. Ayant constaté l’absence du justiciable, le juge a délivré le mandat d’amener, comme le prévoit la procédure pénale.

« C’est la méthode Biya qui vient ainsi de montrer ses limites », estime un politologue. Qu’adviendra-t-il des protagonistes de cette pantalonnade ? « Le chef de l’État a conforté le SGPR et lui a demandé de poursuivre sereinement son travail. Mais le président Biya peut aussi procéder ainsi pour mieux exécuter Ngoh Ngoh s’il existe des indices de malversations financières assez sérieux pour mériter un procès. Le président peut aussi opter pour congédier le ministre de la Justice, dont les agissements ont abîmé comme jamais le prestige et la puissance d’une fonction clé de l’exécutif. » Paul Biya peut aussi ne rien faire, lui qui laisse libre cours à une guerre des clans opposant les cadors de son propre régime.

CIN

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