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20 mai 1972-20 mai 2022 : 50 ans après, que retient-on de cette unité nationale ?

20 mai 1972-20 mai 2022, cela fait exactement 50 ans que le Cameroun est devenu un Etat unitaire, mettant fin à l’Etat fédéral institué le 1er octobre 1961, soit un an après l’indépendance le 1er janvier 1960. Pour marquer l’Unification entre le Cameroun de culture anglophone et de culture francophone suite à une « séparation linguistique » imposée en 1916 par la France et la Grande-Bretagne victorieuses de la première guerre mondiale 1914-1918 alors que le Cameroun était territoire sous protectorat de l’Allemagne, le peuple camerounais au terme d’un référendum en 1972, décidait largement de reconstituer son unité.

Fort de cette unification retrouvée, la date du 20 mai fut choisie comme date de célébration de la Fête nationale en lieu et place du 1er janvier qui marque pourtant l’accession du Cameroun à la souveraineté internationale. Pour cette célébration cinquantenaire, le pays renoue ce 20 mai 2022 avec des festivités à travers l’ensemble du territoire national marquées par des défilés civils et militaires mettant fin à deux années de suspension de manifestations pour cause de pandémie de Covid-19.

Cinquante ans après, que retient-on de cette unité nationale ? Répondre à cette lancinante question ramène au goût du jour, la situation sociopolitique tendue que traverse le pays depuis 2016. Cette année, un groupuscule de personnes se basant sur des considérations essentiellement linguistiques, ont pris les armes contre la patrie pour exiger disent-ils, l’indépendance des régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest. Une décision qui révélait en réalité un lugubre agenda caché et minutieusement préparé.

Sous un nom imaginaire « l’Ambazonie », des partisans du séparatisme ont provoqué la destruction de cette partie du pays qui représente à peu près 1/5 du territoire national pour une population avoisinant 20% des 27 millions de Camerounais. Six ans après, cette crise sociale qui ne repose sur aucune idéologie s’est enlisée, laissant apparaître des bandes armées et des bandits de grand chemin qui sèment la terreur et la désolation dans cette partie du territoire national.

Une guerre asymétrique imposée à l’armée nationale mais dont le professionnalisme avéré de cette dernière permet au jour le jour, de démasquer des sicaires embusqués et de ramener la sécurité dans plusieurs localités. Ces terroristes dont le mode opératoire consiste aux enlèvements des populations civiles pour exiger des rançons, des exécutions sommaires, des attentats contre les institutions, la destruction des biens, des assassinats planifiés et toutes formes de racket et de violence qui leur permettent de se constituer un trésor de guerre.

Conséquence, de nombreuses populations ont fui des atrocités pour s’installer dans la partie francophone, notamment dans les villes de Douala et Yaoundé qui ont enregistré plus de 500 000 déplacés internes. D’autres Camerounais de ces régions proches du Nigeria ayant préféré se réfugier dans ce pays voisin. L’écrasante majorité des Camerounais de tout bord, aussi bien la majorité que l’opposition, la société civile, francophones ou anglophones, sont favorables pour une solution pacifique et farouchement opposés à toute partition du pays. Une collaboration accrue des populations riveraines permettrait de nettoyer des foyers de résistance.

« Impossible n’est pas Camerounais »

L’autre menace à l’unité nationale est la montée en puissance du tribalisme. Si officiellement il n’y a pas un tribalisme d’Etat, dans la pratique, de nombreux Camerounais ont le sentiment de vivre en marge de la société. Un tribalisme ravivé par l’incohérence du discours politique de certains leaders qui croient s’appuyer sur leur communauté d’origine pour essayer de se frayer un chemin. Malheureusement, ce discours haineux a eu pour effet de diviser des Camerounais, éloignant davantage le noble destin de l’accomplissement de l’intégration nationale qui voudrait que chaque Camerounais se sente chez lui partout où il se trouve sur le territoire national.

Sans forcément être un leurre, force est de constater que le chemin qui reste à parcourir pour la réalisation de l’unité nationale reste long et sinueux. Certes, des mariages inter-ethniques foisonnent, des célébrations intercommunautaires se multiplient, le discours officiel sur l’intégration nationale est constant, mais la réalité démontre la fragilité de ces acquis. Un conflit entre agriculteurs et éleveurs par-ci, un différend entre autochtones et allogènes par-là suffit pour révéler la fragilité de l’unité nationale, d’aucuns étant enclins à prendre fait et cause pour les siens sans autre forme de procès.

Toutefois, au-delà de ces réalités, l’unité nationale qui est une construction permanente doit poursuivre son chemin. Le plus important c’est que dans leur extrême majorité, les Camerounais ne cultivent pas l’animosité entre eux sur de simples considérations partisanes. Au-delà des divergences, des communautés ne s’érigent pas véritablement en ordre de bataille pour s’affronter, ce qui constitue l’un des aspects positifs de ce brassage culturel et ethnique. Le sport continue d’être un ciment de cette unité nationale, tout comme d’autres succès artistiques ou culturels participent à renforcer le vivre ensemble.

Pour de nombreux Camerounais, l’un des échecs de l’unité nationale réside dans le centralisme de l’Etat. Aussi proposent-ils un retour au fédéralisme pour favoriser une libre expression des communautés locales. Le pouvoir a consacré la décentralisation comme modèle de gouvernance à cette problématique. Une décentralisation encore trop centralisée à en croire des millions de Camerounais, donnant finalement le sentiment que leurs préoccupations ne sont pas prises en compte par leurs dirigeants.

En définitive, l’on peut dire globalement qu’après cinquante ans de l’Etat unitaire, l’Unité nationale qui est une construction permanente doit poursuivre son chemin. Tout au plus, il faudrait repenser la façon de faire et mieux l’affiner. Autrement dit, il serait judicieux, voire impératif de tirer les conséquences des échecs ou des insuffisances du passé pour rectifier le tir. Si ailleurs « impossible n’est pas Camerounais », cela devrait l’être partout où l’avenir de la patrie est engagé, donc prioritairement dans la réalisation de l’Unité nationale.

Financial Afrik

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